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Le Gregario

Le Gregario décrypte, analyse, synthétise et se focalise sur l'actualité cycliste pour votre plus grand plaisir. Un véritable équipier de luxe !

Quand Fignon rime avec émotion

Publié le 3 Juillet 2015 par Le Gregario in Découverte

Quand Fignon rime avec émotion

A la veille du Tour de France, j'ai décidé d'écrire un article sur un sujet différent de la course, de rendre en quelque sorte un petit hommage à ma façon... Un hommage à un grand personnage du cyclisme, qui nous a quitté il y a presque cinq ans maintenant.

Tout à l'heure alors que j'arpentais, oisif, les allées d'une bibliothèque, je suis tombé sur le rayon biographie. Un écriture jaune a attiré mon attention, j'y ai lu "Nous étions jeunes et insouciants". Tout à coup j'ai eu une pensée émue envers un personnage haut en couleurs. En effet, ce livre, est la biographie du regretté Laurent Fignon, celui que l'on nommait durant sa glorieuse carrière "l'intello du peloton" à cause de ses lunettes qui rappelaient ces personnes (on en a tous connu une comme ça un jour) ayant toujours le nez fourré dans les bouquins. Alors que je prenais ce livre dans les mains, je me suis souvenu. Je me suis souvenu du Tour de France 2010, le dernier qu'a commenté Laurent pour la télévision. Je me suis souvenu de cette voix, qui même éraillée, était agréable à entendre tout au long des chaudes après-midi de Juillet sur le service public. Je me suis également souvenu de mon ébahissement quand j'ai entendu le 31 Août, l'annonce du décès de monsieur Fignon, foudroyé par un cancer, à seulement 50 ans. En ce mois de Juillet 2010, jamais il ne me serait venu à l'esprit que ce serait la dernière fois que j'entendrais Laurent Fignon commenter la plus belle course du monde... Le destin est parfois cruel.

J'ai décidé de prendre ce livre, même si je l'ai déjà lu. J'ai eu envie de me replonger dans les récits sans tabous de ce champion qui n'éludait aucun sujet, pas même le dopage. Quelqu'un de franc et sans complexe, d'une loyauté et d'un courage sans faille, avec un caractère de cochon, mais tout de même attachant. Un courage qui ne m'a réellement sauté aux yeux qu'après son décès, tragique. Commenter et suivre tout un Tour de France pendant trois longues semaines, contre l'avis des médecins avec une maladie pesante, handicapante, et des soins quotidiens, ceci est le vrai courage, la vrai passion pour un sport pour lequel il a vécu chaque minute de sa vie. Le courage également de se relever face aux échecs, même les plus bouleversant. Continuer à avancer lorsqu'on perd un Tour d'Italie suite à un complot de l'organisation pour favoriser son adversaire, le local Francesco Moser, en 1984. Continuer à avancer lorsqu'on perd un Tour de France sur les Champs-Élysées pour huit toutes petites secondes en 1989. Il y aura eu des rires, il y aura eu des larmes (qu'elles furent de joie ou de tristesse). Laurent Fignon aura vécu une carrière remplie d'émotions, où il aura connu le succès et la défaite, sans jamais renoncer.

Fignon il aimait le vélo, et n'hésitait pas à épuiser toute son énergie sur chaque course qu'il courait. Le seul jour, peut-être, où Fignon à réellement pu "savourer" le vélo sans tout donner, fût ce jour de Juillet 1993, sur son dernier Tour de France. Après douze ans de carrière, c'est cette après-midi là, sur les pentes du Col de la Bonnette, que "Lolo" a choisi d'apprécier chaque minute, de rêvasser, de se souvenir, dans un moment de grâce mais également de tristesse. Entre le village de Jausiers et le sommet de la Bonnette, il a choisi de mettre les mains en haut du guidon, et de monter, seul derrière tout le monde, en bon dernier, cette cime alpestre. Chaque minute passait, il caressait les pédales, et savourait cette solitude dans l'immensité, entouré par les sommets des Alpes du Sud, le ciel, et tout un univers s'ouvrant à lui. Personne ne le dérangeait, pas de consignes, pas d'adversaires, uniquement lui et la nature, pour songer et se remémorer tout les grands moments de son illustre carrière. C'était le chant du cygne de "l'intello du peloton", qui se retirerait du milieu professionnel quelques temps plus tard, après avoir fait vibrer toute une nation.

Aujourd'hui il nous manque Laurent. En ce qui me concerne, à chaque Tour de France j'ai une pensée pour cet immense champion qui nous a quitté bien trop tôt. Dans un mois, cela fera cinq longues années que Laurent Fignon a quitté ce monde, tout en restant dans nos coeurs, à tout jamais.

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